Pour le pâturage, il faut louer les terres. Un hectare pour une vache. Avec toujours la crainte de la pression urbanistique. La crise du lait de 2009 ? « Avec la fin des quotas européens, la seule régulation, c’est le marché. On a donc permis l’augmentation de l’offre. Trop forte par rapport à la demande. Les fermiers se retrouvent impuissants devant l’anéantissement de la filière. On a eu moins 20 % de revenus en 2009. Et l’appauvrissement, c’est plus dur à vivre que la pauvreté. Mais là, c’est reparti ». Et puis il y a les aides. L’Europe, l’Etat, la Région, le Département (compensation perte de revenus/aides à la création de la fromagerie, du bâtiment d’élevage et de points vente dans les grandes surfaces). En tout : le Gaec de l’Espoir a perçu 75 000 euros l’an dernier. Mais il y a surtout le travail. On ne compte pas ses heures à la ferme. Dominique Despras » attaque à 5 heures le matin ». «Entre 8 heures et 8 h 30, on prend le petit-déjeuner tous les trois. A 12 h 30, on rentre chez soi pour déjeuner. Retour 13 h 30 jusqu’à 19 h 30 ». Avec, tous les samedis matins travaillés. Et puis il y a les week-ends de travail, ceux de garde. « On a chacun un week-end de libre sur trois. Et quinze jours de vacances par an. Mais en deux fois 8 jours. Dominique Despras ne compte pas. Au sens propre. Quand on lui demande « combien ça fait, de temps de travail, pour une semaine », il doit additionner les heures, puis les jours ». Verdict : 70 heures par semaine. Et les 35 heures, il en pense quoi ? « Nous, on va trop loin, mais la société est allée trop loin dans l’autre sens ! J’ai un copain à Edf, il déprime, parce qu’il ne travaille pas assez… ! ». Et son salaire ? « 1 500 euros nets mensuel. On gagne bien notre vie ». Sa vie, il ne fait pas que la gagner. Il la vit pleinement. Avec ce métier « gratifiant ».